« c’est eux qui le disent »
Lundi soir. Nos amis, les « Gaullistes de Sceaux » viennent d’envoyer à nos autres amis du « Cercle Gaulliste de Réflexion Politique et Sociale », la « Lettre Ouverte » que Bruno Retailleau, du Parti « Les Républicains » devrait adresser d’ici quelques minutes, ce soir, au sortir de son entrevue avec le Premier Ministre, au Président de la République. Un scoop. Qui sera sans doute demain dans tous les médias. Mais en attendant, Blog-Cabestany vous en fait profiter.
Monsieur le Président de la République,
Le soir de votre élection, vous avez marché dans la cour du Louvre et le tableau avait de l’allure. Beaucoup crûrent alors que vous alliez restaurer la fonction présidentielle dans le cœur des Français. Aujourd’hui, cet espoir est brisé.
Quelque chose, pourtant, aurait dû alerter ce soir-là. Vous marchiez avec solennité, certes ; mais vous marchiez seul. Loin devant et le peuple derrière. Il me semble que dans cette solitude originelle, il y avait déjà une mise à distance des Français.
Ces Français ont le sentiment que vous ne les comprenez pas. Pour eux, la vie est difficile. Pour eux qui ne savent pas comment payer leur loyer, les fins de mois seront toujours plus angoissantes qu’une fin du monde qu’ils ne verront pas.
Soyons juste : ce n’est pas seulement de votre faute, loin s’en faut. Nous touchons les limites d’un système : l’illusion de la fin du travail, avec la retraite à 60 ans et puis les 35 heures; le mythe de la mondialisation heureuse et son cortège d’usines fermées et d’identités méprisées; le mirage de l’individualisme avec l’explosion de nos solidarités humaines qui formaient autant de couches de protections intermédiaires.
Ce système s’écroule, miné par l’effondrement du dogme qui l’avait érigé : le salut par l’Etat dans le culte du progrès. Votre erreur -qui fait votre malheur- c’est de n’avoir pas compris que les Français n’y croyaient plus.
Car si tant de Français ont protesté par procuration avec les Gilets jaunes, c’est qu’ils sentent que, malgré leurs efforts, malgré les impôts qu’ils payent et les normes qu’ils subissent, votre politique ne produit pas de résultats. Pire, ils la ressentent comme profondément injuste, puisque 2% d’entre eux seulement profitent massivement de la baisse des taxes que vous avez octroyée. Ces Français, qui voient l’avenir de leurs enfants encore plus sombre que le leur, marchent désormais vers demain comme on marche vers l’abîme.
Monsieur le Président de la République, vous en êtes là parce que les Français en sont là.
Le peuple crie sa détresse et les casseurs ont envahi Paris. Ne mettez pas vos espoirs dans une trêve des confiseurs dans laquelle la rancœur ne ferait que macérer.
Vous n’avez au fond que deux solutions.
Soit vous continuez à tourner le dos au réel et vous serez bientôt le dos au mur.
Soit vous changez de direction, mais il vous faudra d’abord changer radicalement d’attitude.
Arrêtez de dire que vous allez faire plus de pédagogie ; les Français savent très bien ce qu’est une taxe et ils mesurent très bien l’urgence écologique.
Arrêtez de déguiser vos hausses d’impôts en bénéfices pour la planète ; les Français ne sont pas des benêts.
Arrêtez de mépriser les élus locaux et d’ignorer les corps intermédiaires ; les Français mettent aussi des gilets jaunes parce qu’ils ne voient plus d’écharpes tricolores.
Arrêter de désigner des bouc-émissaires, d’opposer les générations, de distinguer les catégories.
Arrêtez surtout de célébrer le progressisme comme pour mieux dénigrer le présent et tous ceux que le futur inquiète. Les Français ne sont pas passéistes. Ils ne sont réfractaires ni à la modernité, ni à la mobilité. Mais beaucoup veulent d’abord vivre chez eux, du fruit de leur travail et entourés de leurs proches. Garder son mode de vie et préserver son niveau de vie : voilà des aspirations que vous devriez prendre en compte car elles sont dignes de considération et majoritaires dans notre pays.
Changer de direction, c’est s’attaquer aux deux faces de cette crise qui est une crise sociale et une crise démocratique.
D’abord la crise sociale. Vous devez agir vite et fort. N’essayez pas de faire le malin, comme disait Péguy. Assez de grands discours et de petites mesures. Ne tournez pas autour du pot : annulez purement et simplement la hausse des taxes sur le carburant, comme le Sénat l’a déjà fait. Car vous n’éteindrez pas le brasier qui s’est enflammé sans écraser l’étincelle qui l’a allumé.
La reprise du dialogue est à ce prix et la démocratie, c’est le dialogue ; vous devriez désormais vous en persuader. Car en effaçant les clivages politiques, votre nouveau monde a ressuscité les oppositions d’un monde ancien et dangereux : la lutte des classes est de retour.
Mais cela ne suffira pas. Vous avez entrepris de réformer notre modèle social ; les retraites, l’assurance chômage, la santé. Vous avez raison, tant notre système est à bout de souffle.
Mais prenez garde à la dérive anglo-saxonne vers quoi vos projets nous entraînent.
En France, notre modèle social est d’abord un modèle national : il fabrique du commun car il fonde la justice sociale sur la solidarité nationale. Nous sommes un peuple ; nous avons partie liée les uns aux autres. Voilà pourquoi chacun contribue en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins. Si vous cassez cette logique d’universalité en appauvrissant les retraités, les classes moyennes ou les familles à travers la poursuite de la déconstruction de notre politique familiale, vous fragiliserez durablement l’unité du corps social en installant deux sociétés, celle des contributeurs et celle des bénéficiaires. Réformez notre modèle social mais ne déformez pas la solidarité nationale. L’émancipation ne peut pas être notre seul horizon. Vous devez redonner du sens à la Nation.
Enfin, vous n’apaiserez pas la crise sociale sans vous pencher sur la crise démocratique qui lézarde nos sociétés.
En démocratie, le peuple a deux moyens de s’exprimer pacifiquement ; soit dans la rue, soit dans les urnes. Ces deux voies sont aujourd’hui bouchées.
Dans la rue, car des zadistes à Nantes aux Black Blocks à Paris, les manifestants sont désormais systématiquement pris en otages par des groupes ultra-violents. Cette situation est intolérable, au nom de l’ordre public qui ne peut pas être bafoué, mais aussi au nom de l’expression démocratique qui ne peut pas être empêchée.
Samedi, des milliers de gilets jaunes sont repartis frustrés de n’avoir pu manifester. Je crains que cette frustration ne fasse que redoubler leur colère. C’est pourquoi vous devez casser les casseurs ; ceux-là même à qui vous avez donné raison à Notre Dame des Landes. De même, je vous rappelle que le Sénat vient de voter une loi anti Black Blocks mais que votre Gouvernement l’a refusée. Votre Gouvernement doit revenir sur sa position et accepter la proposition du Sénat. C’est la seule manière de sécuriser à l’avenir nos manifestations.
Dans les urnes, car notre système démocratique est à bout de souffle.
Partout, dans le monde occidental, les insurrections électorales montrent que les citoyens ont le sentiment de n’être plus écoutés, que leurs souffrances ne sont plus entendues. La fracture est désormais béante entre les peuples et leurs élites.
En France, il y a aussi beau temps que nos compatriotes ne se sentent plus compris. D’une immigration qu’ils n’ont pas choisie au traité de Lisbonne qu’ils n’ont pas voulu, ils ont le sentiment que la politique se fait sans eux. Sinon contre eux.
Là aussi bien sûr, vous n’êtes pas seul responsable de cette fracture. Mais une campagne détournée et un débat tronqué donnent le sentiment qu’à la dernière présidentielle, les vrais enjeux non pas été abordés. Les non-dits débouchent toujours sur des malentendus ; vous devriez en tenir compte.
Vous ne parviendrez donc pas à ramener le calme sans ramener la confiance.
C’est pourquoi il est temps d’écrire une nouvelle page de notre pacte démocratique. Aujourd’hui tout va très vite, le monde s’agite : de plus en plus souvent, le contexte de la décision n’est plus le même que le contexte de l’élection. Je vous propose donc que le référendum redevienne un temps de respiration démocratique, comme un trait d’union entre la démocratie représentative et la démocratie directe. Ces référendums devraient porter, régulièrement, sereinement, collectivement, sur les choix majeurs pour l’avenir de notre nation.
Monsieur le Président de la République, jamais la France depuis 30 ans n’avait traversé une crise aussi grave. C’est à vous, et à vous seul qu’il appartient de la résoudre. Clé de voûte de la Constitution et « père de la nation », vous seul avez la légitimité pour renouer avec le peuple qui s’éloigne. Monsieur le Président de la République, soyez à la hauteur de vos promesses en renversant la table. Soyez à la hauteur de votre charge en renversant la donne.
Bruno RETAILLEAU
Source : mail reçu à la rédaction de Blog-Cabestany ce soir et dument authentifié.
« Il y a deux ans jour pour jour Macron poignardait les Pieds-Noirs », explique Maurice pour Blog-Cabestany
14 février 2019–
Maurice A. écrit :
» Il y a deux ans jour pour jour, Macron poignardait les Pieds-Noirs. Il y a deux ans, celui qui n’était encore que le candidat Emmanuel Macron, était à Alger. Pour faire risette au Président Bouteflika ? Pour saluer les citoyens Algériens ? Sûrement pas !
Il avait fait le voyage en Algérie pour s’assurer – en France – du vote des Français issus de l’immigration Maghrébine qui n’ont pas pour habitude de beaucoup se déplacer aux urnes pour voter, et lorsqu’ils le font, votent majoritairement à Gauche. A l’élection Présidentielle de 2017, si on en croit les sondages, car sinon on ne croit plus à rien, il aura réussi, au premier tour, à faire déplacer le double de ces électeurs dont il aurait recueilli pas loin de 80% des suffrages. Ainsi, pour le deuxième tour, le travail était déjà fait.
Pour ce candidat se présentant comme reniant la vieille politique, il se sera comporté comme le pire des politicards. En allant à Alger pour réciter un discours anti-Français, poignarder les pieds noirs, avant de se présenter à cette élection Présidentielles où il se fera élire par tous ces bons gaulois qu’il aura si bien roulés dans la farine et pour lesquels il n’a que mépris.
Que disait il à Alger, ce 14 mai 2017 ?
Cette formule aura surtout donné un regain au « sanglot de l’homme blanc » adepte de l’auto-flagellation, ouvrant la boite de Pandore d’une repentance : à vomir, sans limites. Et depuis nous aurons accumulé toutes les déceptions avec ce Président qui restera comme une tache indélébile dans notre histoire. Car qui oserait encore dire que les événements se liguent contre lui et qu’il est victime de la scoumoune alors que ce sont bien ses errements, ses erreurs, ses turpitudes, son entêtement, son orgueil, qui l’auront conduit, c’était son choix, dans la situation précaire où il est. Où il s’y est mis lui même. Où ils nous a mis, tous. Honte à lui !
Emmanuel Macron aura touché le fond en se permettant d’être un juge uniquement à charge, un procureur, un Fouquier-Tinville, contre son propre pays, contre les Français. Il aura renforcé l’idée que l’Occident mérite que le Sud le maudisse. Il a frappé d’ignominie cent trente deux ans d’histoire commune entre deux communautés qu’il voudrait sans doute voir s’affronter pour tirer les marrons du feu. Ignoble ! Aucun autre mot ne me vient à la bouche.
Cet individu amoral a surtout jeté l’opprobre sur tous ceux qui ont aimé cette terre d’Algérie, qui l’ont défriché quand elle n’était que cailloux. Qui ont donné leur sueur, puis leur sang. Qui sont morts de l’autre côté de la Méditerranée. Et qui ont du fuir en laissant tout derrière eux. Jusqu’à leurs morts dont les sépultures n’ont pas souvent été respectées.
Par cette assimilation insoutenable de la présence française en Algérie à un crime contre l’humanité, c’est la mémoire de ces milliers de médecins, d’instituteurs, d’ingénieurs, d’agriculteurs et d’ouvriers qui se trouve insultée, alors même que l’Algérie fut pour eux une seconde patrie. Alors que la misère, la guerre ou la famine avaient jetés, par un cruel destin, hors de leur patrie d’origine, Grecs, Italiens, Espagnols, Métropolitains ou autres pour les pousser sur les rives de cette terre inconnue.
Si je voulais faire un cours d’histoire, je parlerai de la raison du débarquement de ces français, il y a une siècle et demi, sur ces rives d’Afrique du Nord, pour faire cesser le piratage en mer, la traite des esclaves chrétiens. Près d’un million. Et ces dizaines de milliers de morts parmi eux. Mais lorsqu’on veut réécrire l’histoire à sa façon, de façon erronée et fallacieuse, comme le fait le Président Macron, on ne regarde que par un seul bout de la lorgnette. Ou pire, on invente ce que l’on ne sait pas. On déforme la vérité pour son propre compte. On la trahit sans vergogne. Une imposture, l’œuvre d’un imposteur !
Il n’est certes pas interdit de parler de la blessure coloniale. Mais qu’on ne fasse pas l’impasse sur le massacre des harkis, la disparition de milliers de Français d’Algérie. Ces Français d’Algérie qui ne souhaitent aujourd’hui que l’équité des mémoires. La Vérité.
Sénégalais, Ivoiriens, Marocains, Tunisiens, Algériens, Syriens et bien d’autres participèrent à la libération de la France durant la deuxième guerre. 25 000 pieds noirs firent don de leur vie pour libérer la patrie face à l’envahisseur nazi. Et ce nombre rapporté à la population des Français d’Algérie est 10 fois supérieur aux sacrifice des métropolitains. Des morts qu’il faut tous honorer sans distinction de race, de couleur de peau, de nationalité, de religion. Sans aucun critère contrairement à ce à quoi se livre ce Président !
Nous les Pieds-Noirs allons disparaître et nos enfants se sont intégrés dans le creuset national. Et c’est très bien aussi. Mais pour de basses combines électorales, le Président Macron était il obligé de nous déshonorer. Sauf que c’est plutôt lui qui se déshonore en nous insultant. En retour, nous le haïssons, nous le méprisons, et les ennuis qu’il traverse aujourd’hui ne sont que le fruit que de sa mentalité perverse, méchante, sans aucune moralité. De sa fourberie !
Nous, les Français d’Algérie ne renions rien de cette terre, de son passé, et nous en sommes fiers. Mais nous sommes capables aussi de partager une amitié sincère avec les Algériens. Ce n’est pas en érigeant une haine entre nos deux peuples que l’on pourra tourner un jour la page. Nous avons honte du comportement de ce Président qui ne nous aura vraiment épargné aucune bassesse.
Hélas, ce pouvoir semble avoir davantage de considération pour les djihadistes qui rentrent en France que pour nous les pieds-noirs. »
Maurice A. , le 12 février 2019 à Alfortville (94140)
Blog-Cabestany : Un texte écrit pour la communication interne de certaines associations de la région parisienne et que vous ne devriez pas – en principe – retrouver sur internet. Maurice, que nous avions rencontré il y a déjà quelques temps à Perpignan dans certaines circonstances et qui sait combien nous avons de l’amitié pour les pieds noirs à Cabestany nous a autorisé tout à fait exceptionnellement à mettre en ligne, sous réserves de ne rien y changer, ces mots qu’il nous a adressé ! Encore merci à lui !
« c’est vous qui le dites » – » nous ne publions leurs écrits que parce qu’ils nous autorisent à le faire » – Liberté d’expression –
Publié dans "Nous relayons leurs articles avec leur accord", Au fil des jours, Blog-Cabestany, c'est eux qui le disent, c'est politique !, c'est vous qui le dites !, Cabestany, Histoire, Ils écrivent pour d'autres mais pour nous aussi !, Liberté !, Liberté d'expression, Nos lecteurs sont en colère, Sans commentaires - no comment | Leave a Comment »