Lors de son interview du 14 juillet, le président de la République a prononcé une phrase d’un intérêt notable sur le plan de la réflexion politique: « J’ai commis des erreurs ». La formule a été dite et accueillie avec le plus grand naturel, comme banale, habituelle. Or, ce qu’elle recouvre n’a rien de banal. Présider ou diriger un État est une mission d’une exceptionnelle gravité, comme piloter un avion de ligne ou un paquebot, conduire un car scolaire, opérer à cœur ouvert, voire diriger une entreprise dont dépendent des milliers d’emplois. Imagine-t-on un pilote de ligne ou de paquebot, un conducteur de car scolaire, un chirurgien, un chef d’entreprise déclarer tout simplement, devant ses passagers ou les parents d’enfants qu’il a conduits, devant son patient, ou son conseil d’administration: « J’ai commis des erreurs ». Inconcevable: en de telles circonstances, celui qui commet des erreurs est aussitôt remercié. En principe, dans une république, une démocratie normale, le dirigeant suprême qui reconnaît, « j’ai commis des erreurs », assume ses responsabilités surtout quand celles-ci ont plongé le pays dans le chaos (gilets jaunes, mouvement social, etc.). Il les assume soit par le recours au peuple, à travers des législatives ou un référendum sur lequel il engage sa responsabilité, soit en démissionnant.
« Un autre chemin » promet-il. Mais là aussi, le slogan, un « autre chemin », après celui du « nouveau monde », de la « transformation » de la « refondation », de la « réinvention », soulève des questions. Le président est élu sur un projet, un style, une posture. La distinction entre le « cap » (ou l’objectif) que l’on conserve et le « chemin », que l’on change, est artificielle. Le peuple – dans le système actuel – vote à la fois pour un cap et pour un chemin. D’ailleurs, le choix d’une politique est toujours le choix d’un chemin, c’est-à-dire de moyens. En changeant de chemin, le chef de l’État rompt le contrat qu’il a conclu avec le peuple par son élection au suffrage universel. Il ruine sa légitimité démocratique. L’idée qu’un président puisse ainsi, de son libre arbitre, changer de chemin, sans interroger ni la nation par un référendum, ni sa représentation parlementaire, est profondément antidémocratique. Elle signifie que sur une saute d’humeur une lubie ou un changement d’idée, un individu peut, en dehors de toute consultation démocratique, engager le pays sur un chemin ou sur un autre. Mais alors, appeler cela une république ou une démocratie a quelque chose d’indécent.
Maxime TANDONNET
–
BLOG-CABESTANY : nous nous sommes engagés à ne pas commenter les articles des auteurs qui nous autorisent à les reproduire. Mais si nous les reprenons c’est qu’ils font consensus dans notre Collectif !
« La République déglinguée » écrit Maxime Tandonnet
by Postmastercourrier des lecteurs – ils nous autorisent à les reprendre
–
la république déglinguée !
BLOG-CABESTANY : nous nous sommes engagés à ne pas commenter les articles des auteurs qui nous autorisent à les reproduire. Mais si nous les reprenons c’est qu’ils font consensus dans notre Collectif !
et continuez à nous écrire :
blog.cabestany@gmail.com
–
Share this:
WordPress:
Articles similaires
This entry was posted on 18 septembre 2020 at 05:19 and is filed under Actualité Politique, Au fil des jours, Blog-Cabestany, c'est eux qui le disent, c'est politique !, c'est vous qui le dites !, Cabestany, Ils écrivent pour d'autres mais pour nous aussi !, Liberté !, Liberté d'expression, Nos lecteurs ont la parole, Sans commentaires - no comment. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.