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Dans la rubrique : « c’est vous qui le dites ». Article recopié sur un site Internet avec l’autorisation des ayants droit. Voir « rezonet.fr »
Anna Sobotka, née à Prague, est aujourd’hui professeur d’histoire-géo en Occitanie, bientôt en retraite dans leur modeste maison des PO mais son nom d’épouse est français par son mariage avec un Toulousain. Ils ont plusieurs petits enfants. Anna fait appel à ses souvenirs, même si elle n’avait qu’à peine dix ans en 1968 lors du « Printemps de Prague ». Ses parents, l’emmenant avec eux, mais obligés d’abandonner le reste de la famille, avaient réussi grâce à une filière d’opposants à fuir Prague, échapper à la prison pour raison politique, peut être au poteau d’exécution lorsque les soviétiques étaient entrés avec leurs tanks pour « normaliser » le pays et se venger du rétablissement de la Liberté de la Presse et étouffer dans l’oeuf une soif de liberté. Une réaction propre au communisme, écrit elle.
Anna écrit :
« C’est avec bien des difficultés que mes parents réussiront au bout de longues années à obtenir le droit d’asile en France avec des permis de séjour précaires, renouvelés toujours avec des problèmes. Ils voulaient seulement vivre libres en France après un long et dangereux périple au travers de plusieurs pays d’Europe. Des fonctionnaires français, des élus même, ne cachant pas leurs amitiés communistes feront bien des misères à ces deux réfugiés ayant quitté le « paradis ». Intellectuels, musiciens de profession, mes parents ne seront jamais régularisés par la France où ils finiront leur vie misérablement. Bien que la réclamant sans cesse, on ne leur donnera jamais la nationalité française ! Et moi je ne l’obtiendrai que par le mariage. Lorsque, aujourd’hui, elle est galvaudée.
L’idéologie communiste n’est porteuse que de malheurs. Les français ont eu cette chance de ne pas avoir été envahis par les russes en 1945. Comment aujourd’hui des français peuvent ils encore se réclamer de cette doctrine communiste nauséabonde. Je vais faire bondir les bien pensants. Même en offusquer certains. « Entre communisme et nazisme, comment prétendre qu’une idéologie serait moins pire que l’autre, du moins pour ceux qui ont eu à subir une occupation communiste ».
Revenons à Prague en 1939. Chef lieu de la région de Bohème. Aujourd’hui la capitale de la République Tchèque. Six mois avant que ne débute la deuxième guerre mondiale Hitler envahit le pays. Une des raisons d’ailleurs du déclenchement de cette guerre. Mais à l’ouest, on se cache la tête dans le sable et on laisse Hitler fabriquer des avions, des armes, des canons, pendant que nous ressortons les tromblons que nous avions utilisé en 1914.
Les habitants de Prague souffriront horriblement de cette occupation nazie. Arrestations, tortures, emprisonnement, déportation, otages et résistants fusillés. Comme en France. Pire qu’en France. Moins pire peut être qu’en Pologne. De nombreux juifs seront exterminés. Comme partout. Et cette résurgence de l’anti-sémitisme de la part de salauds et d’ordures, me révolte.
1945 : les Américains pénètrent en Allemagne et se dirigent vers Berlin. Les Russes ont le même objectif et c’est à qui arrivera le premier.
A Paris, en aout 1944, les résistants avaient reçu la consigne d’attendre l’ordre officiel d’insurrection populaire avant de bouger. Mais sachant les américains à moins de 100 km de la capitale, la bataille pour la Libération de Paris avait commencé. A Prague, début mai 45, la rumeur veut qu’on attende les américains en libérateurs. Ils ne seraient pas loin. Un non-sens lorsqu’on regarde une carte géographique. Une utopie. Mais il semble que les Américains et les Russes s’étaient déjà plus ou moins mis d’accord sur leur zone d’influence pour l’après guerre. Et Prague était dans la mauvaise zone, à l’est.
Le 5 mai 1945, à Prague, il n’y a donc nul russe ou nul américain à l’horizon mais les habitants ont décidé de forcer le destin. Les résistants s’en prennent aux allemands qui sont encore dans leur pays. La bataille est féroce et cruelle. Les Praguois obtiennent, à eux seuls, la reddition de ces Allemands qui se sont installés comme chez eux.
Le 8 mai, le Haut État Major Allemand capitule et signe, sur le sol français, la fin de la guerre devant les alliés réunis . On commémorera désormais l’événement chaque 8 mai. En France, c’est même un jour férié. Le 9 mai 1945 Staline demande que l’on rejoue la même scène et que l’on refasse une cérémonie de signature à Berlin pour se mettre en valeur et c’est bien le 9 mai que chaque année on célèbre à l’est la fin de la guerre et non le 8.
Ce même 9 mai 45 les russes entrent dans Prague déjà libérée par ses propres habitants. Il y a des drapeaux, des banderoles aux fenêtres. On danse dans les rues. Staline est furieux de ne pas avoir été le libérateur du pays. Ce qui ne l’empêchera pas d’y faire stationner ses troupes mais plutôt que de conquérir le pays par la force il décide de le faire d’une autre façon en faisant se développer un Parti Communiste qui prendra le pouvoir en 1948.
Et en 1948, une chape de plomb s’abat sur les habitants : une longue période de dictature communiste commence. Les Praguois ne regrettent pas les allemands mais pour eux, ces russes est ce vraiment mieux ? « Car pour eux, comme pour moi, le communisme est une abomination »
En 1968, les Praguois se souviennent de la façon dont ils se sont débarrassés en 1945 de l’occupant nazi. Pourquoi ne pas rééditer l’aventure et en faire autant avec les russes. C’est le « Printemps de Prague ». Les chars soviétiques les écrasent. Dans l’indifférence générale. Il est même des français pour s’en féliciter ou du moins minimiser l’exaction communiste comme Georges Marchais. Jean Ferrat, lui, chantera : « que venez vous faire, camarades, que venez vous faire ici ?
Le calvaire à Prague ne cessera qu’à la chute du Mur en 1989.
Qu’a fait la France avant de donner à mes parents à contre coeur le droit de s’installer sur le territoire national. Où ils sont entrés quasiment comme des voleurs parce que la porte était entr’ouverte. Jamais la France n’est intervenue pour nous libérer du joug communiste à l’Est. Faisant en 1968 de belles déclarations pour condamner la répression communiste mais personne n’a bougé une oreille. Tous des lâches !
Aujourd’hui la France, la plus forte en gueule mais la plus couarde, voudrait s’honorer d’être une terre d’accueil pour des gens opprimés dans leur pays. Quelle imposture ! N’est ce pas plutôt parce que la France est incapable ou refuse de maitriser des frontières ouvertes à tous les vents. Elle est devenue la décharge de tous ces envahisseurs qui racontent des histoires à dormir debout pour venir profiter de la crédulité ou l’imbécilité des français. Ne laisse t’on pas entrer n’importe qui, ne régularise t’on pas n’importe comment ?
« Je n’ai aucune confiance dans cette Europe dont le laxisme pour ne pas dire la lâcheté fait monter partout le populisme. Une Europe qui n’a pas réussi à extirper définitivement la doctrine communisme. Une Europe qui comme en 1938 ajoutera un jour, la guerre au déshonneur. »
Anna
Souhaitons qu’Anna ait tort !
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